Préambule d'usage
En premier lieu, je dois vous expliquer pourquoi "trois cylindres". Les amateurs de motos anglaises, arrivés là par la magie de Google, vont être déçus : ce blog n' a rien à voir avec les Triumph. Trois cylindres est le surnom que m'avait donné François Gachet (ex champion de VTT), en rapport à mon physique d'ablette, mais surtout à mon handicap de la jambe droite. A vélo, effectivement je tourne sur trois cylindres (en référence aux quatre cylindres des moteurs les plus courants pour les moins férus de mécanique), puisque je pédale sur une jambe et demi. Bien entendu, l'usage de cales automatiques ou même de cale-pieds est inenvisageable. Mais l'important reste de continuer à pédaler, même sur "trois pattes". En route, donc !
Lien direct vers l'épisode 1 : Trois Cylindres en Aveyron
Toujours sur trois cylindres donc, mais avec un peu plus de chevaux sous le capot, je suis reparti pour un dernier trip à vélo avant l'automne. Au programme : environ 300 kilomètres sur six jours, dans le Tarn et le Haut Languedoc. En ce qui concerne les préparatifs, j'ai largement optimisé mon chargement, en améliorant de nombreux points de détail. En prévision des fraîches nuits de septembre, j'ai fait l'acquisition d'un matelas auto-gonflant à la fois plus isolant et plus léger que le précédent. Mon nouveau duvet est pour sa part théoriquement prévu pour offrir un bon confort à 6°. Théoriquement... Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, et donc surtout pas mon attelage Sunn Exact Flex + remorque Bob Yak !
Etape 1 : Saissac / Mazamet via le Pic de Nore - 61 km.
Gros morceau d'entrée !
Après mon voyage en Aveyron, j'ai continué à rouler un peu, dans les Cevennes, puis dans le Tarn. De quoi faire de la bonne bosse ! Mais j'avais aussi prévu de monter au Pic de Nore. Finalement, je le ferai, mais en version "chargé" (un terme qui ne recouvre pas la même signification pour tous les cyclistes, notez bien !). Je pars donc de Saissac, en ce lundi matin dans une forme moyenne, mais plutôt optimiste malgré le gros morceau qui m'attend. Une fois franchie la route de Carcassonne à Mazamet, je plonge dans les tréfonds de la Montagne Noire, au coeur d'une belle forêt, dans laquelle je croise une harde de sangliers. Mais je descends bien bas ! A Mas Cabardès, précisément. D'environ 250 m il va falloir monter à 1211 m exactement, au sommet du Pic de Nore. Gloups ! La montée vers Pradelle Cabardes (900 m) se fait difficilement. Une fois à l'entrée du village, je trouve un coin de pré ou m'abriter tant bien que mal du vent, déjeune d'une tranche de jambon et de chips (grossière erreur), et pique un bon roupillon ! Reste maintenant à attaquer un Pic de Nore que je m'imaginais un peu moins pentu. C'est sûr qu'en voiture, ça ne fait pas le même effet. Je gère mon peu de forces tant bien que mal, m'arrêtant deux fois au cours des six kilomètres d'ascension, luttant contre les chips à l'oeuvre dans mon estomac (voire au bord des lèvres...), et le vent qui me stoppe net au détour de certains lacets. Je ne traîne pas au sommet, les bourrasques sont glaciales, et j'attaque vite la descente vers Mazamet, après qu'un monsieur ait gentiment proposé de me prendre en photo. La route, en très mauvais état, tient plus de la piste forestière. Je croise une voiture de rallye qui s'est crashée dans les arbres, et que l'on essaie de sortir. Au pied de la descente est dressé le camp de base d'une équipe Catalane bien connue en pleine séance de test. Camping de Mazamet : bof... La route passe tout près, les centres commerciaux sont à portée de main. Bref, les joies du camping en ville.
Dialogue avec un cycliste
Dans les tous derniers lacets de l'ascension du Pic de Nore, je me fais doubler par un cycliste, un vrai. Pas comme moi ! L'athlète pilote un VTT Lapierre de XC, chaussé en pneus de route, et il me dépose littéralement sur place... sans un mot ni un regard. Je me hasarde malgré tout à le saluer, comme il se doit :
-"Bonjour !
- ...
- BONJOUR !!!
-...
- HO ! Tu dis pas bonjour ?!
-...
- Connard ! Tu pourrais dire bonjour..." (là il est trop loin pour m'entendre)
Une fois au sommet, le Champion fait la tête dans son coin, mais parvient malgré tout à marmonner un truc incompréhensible lorsque je lui souhaite à nouveau le bon jour. Le vélo est bien le seul point commun des multiples disciplines et états d'esprit du cyclisme. S'il est chargé, celui là, ce n'est certainement pas comme moi...
Etape 2 : Mazamet / La Salvetat sur Agout - 43 km
Désorganisation
La nuit a été relativement fraîche à Mazamet, et je pars plus tard que prévu, après avoir essayé de faire sécher ma tente. Du coup, je fais l'impasse sur les provisions. Deux kilomètres après être sorti de Mazamet, j'attaque la première montée, que j'imagine courte, Dieu sait pourquoi. Je l'entame donc sur un rythme soutenu, enfin si on peut parler de rythme, puisque je n'équilibre pas du tout mon effort entre ma jambe dite bicylindre, et l'autre, la monocylindre. Bref, au bout de deux kilomètres, je fais des zigzags sur la route en essayant de reprendre mon souffle. Ça commence bien. A quatre kilomètres, je me rends compte que ça risque de monter assez longtemps, finalement. Mais surtout, niveau rythme, c'est toujours n'importe quoi. Il m'en faudra deux ou trois de plus (des kilomètres), et moultes auto-engueulades pour arriver à me discipliner quelque peu. Heureusement, car en arrivant au Vintrou, je monte depuis neuf bornes. Bon, on s'est un peu organisé, du côté des gambettes qui arrivent enfin à travailler ensemble, on va pouvoir passer à l'épicerie, avant de reprendre la route -qui grimpe encore plus fort, soit dit en passant. Ha oui, mais sauf qu'au Vintrou, village peuplé de quatre vingt cinq âmes, ne se trouve point de commerce. Décidément aujourd'hui c'est la grande désorganisation! Je repars donc en direction d'Anglès, où je suis sûr de trouver de quoi ravitailler. La route monte raide, mais elle traverse une forêt superbe. Peu après le lac des Saint Peyres, une très belle ferme, immense, surplombe une clairière. Un endroit hors du temps. J'arrive à Anglès vers 13H30. je sais que l'épicerie ne sera pas ouverte, mais je compte bien prendre au moins un café au bistrot. Lequel est fermé lui aussi. Pour congés annuels. J'avais un peu oublié que la grande majorité de mes concitoyens est au boulot en ce moment même. Et que les travailleurs saisonniers se reposent. Bon, hé bien il n'y a plus qu'à continuer jusqu'à la Salvetat sur Agout. Et ça monte encore. Toujours en zigzags (moi, pas la route). Du coup je serai arrivé à bon port en début d'après midi, ce qui me laissera le temps de m'installer tranquillement au camping, et de visiter le village.
Ambiance post estivale
Avant même de commencer à rouler, le ton général de mon périple était donné. Rien à voir avec l'ambiance estivale en cette mi septembre. S'il fait beau -pour le moment- les matinées sont fraîches et il règne une atmosphère alanguie, qui n'a rien à voir avec la torpeur de l'été. Vers 9H, le temps reprend son souffle, après la rentrée des classes. Les travailleurs ont déjà été escamotés par leurs besognes, au café, quelques inactifs, dont deux ou trois petits vieux profitent de la douceur d'un soleil qui réchauffe enfin un air frisquet. Ambiance laconique. A l'intérieur, quelques mamans se retrouvent comme chaque matin, après avoir posé les enfants à 'école. Ambiance volubile. Le comptoir est déserté, et pour cause, la patronne a installé sa table à repasser dans un coin de la salle, et s'active sur une chemise. Un écriteau mentionne : "ici c'est comme au PSG, on encaisse et on ne marque pas". Une fois parti, la route est peu empruntée. On croise quelques camions, les tracteurs sont déjà à l'oeuvre dans les champs, l'infirmière à domicile me double deux fois. Il n'y a pas âme qui vive dans les villages sans commerce, mais en passant devant l'école me parviennent les cris des enfants en pleine récréation. Dans les endroits plus touristiques, tout, ou presque, est fermé. Au bord des lacs, les villages de vacances sont parés pour passer l'hiver, nombre de cafetiers sont en congés annuels (et merde...) et si les oriflammes des bases de loisir ont disparu, quelques affiches récurrentes témoignent encore d'une activité festive révolue : ¡hace calor! proclame l'une d'elles -plus ou moins à propos-, qui m'accompagnera tout au long de mon périple.
Etape 3 La Salvetat / Le Rieu Montagné - 37 km
Demi étape de repos
A 800 m, en cette période, à l'aube, il ne fait pas bien chaud. J'avais demandé au gardien du camping de m'indiquer un emplacement au soleil le matin, mais c'était sans compter sur la sortie tardive de ce dernier, et surtout sur le fait qu'il lui faudrait près de la matinée entière pour pointer au dessus des collines. Je démarre donc très très lentement ! Mais j'ai tout mon temps : l'étape à venir est particulièrement courte. De fait, je voulais absolument passer par Lacaune, que j'avais évité lors de mon dernier voyage. Les dix neuf kilomètres de la Salvetat à Lacaune se font facilement. Ça monte moins que ce que j'imaginais. Décidément je me plante tout le temps ! Une fois sur place, je déjeune dans le parc de la maison de la Charcuterie, en compagnie d'une commerçante locale, et des trois petits cochons qui vivent là (voir photos). Je traîne longuement dans le village, où je fais quelques courses, et papote ici et là. La charcutière m'interroge sur mon chargement : elle projette de partir à vélo avec son mari. Puis, alors que je photographie mon vélo devant sa vitrine de jambons, elle se précipite à l'extérieur pour me proposer de me prendre en photo. A Rieu Montagné, je découvre le lac du Laouzas, sous un soleil splendide. Tous les campings sont fermés, mais les patrons des "Rives du Lac" me proposent de m'installer près d'un chalet, qui me servira de sanitaire. Vu la fraîcheur de l'endroit - près du lac, et en bordure de ruisseau, le tout à près de 900 m, je propose de louer le chalet, plutôt. Bien m'en prends : la nuit va effectivement être glaciale. Si le camping est fermé, deux retraités y occupent malgré tout une caravane installée à l'année. Je m'enquiers auprès d'eux d'une épicerie pour acheter un coca. Mais celle ci n'est ouverte qu'en saison. Du coup, la dame me porte une bouteille de jus d'orange.
Dialogue avec l'ouvrier du camping
Comme je prépare mes affaires, ce matin, à la Salvetat, un ouvrier qui travaille sur le camping m'aborde :
"Vous allez loin comme ça ?
- Bof, pas trop, je suis parti pour une dernière semaine avant qu'il ne fasse trop froid
- Quand même vous devez être sportif...
- Heu non, pas particulièrement.
- Mais vous vous êtes préparé ?
- C'est à dire que j'ai roulé une semaine en Aveyron cet été, donc ça va, et avant ça, j'ai fait surtout du canal à Toulouse. Mais je roule doucement de toutes façons.
- Ha oui, c'est plat le canal... et vous vous échauffez avant de partir ?
- Mmmh, non plus... je roule sans forcer au début.
- Non parce que moi, je suis un ancien sportif de haut niveau, en course à pied, alors je connais bien tout ça. Là j'ai recommencé à fumer, mais je vais arrêter. Les copains de disent de reprendre l'entraînement, mais si c'est pour courir deux ou trois fois par semaine ça sert à rien.
-...
- Ben oui, avant je courrais tous les jours. Là les gars ils courent à douze à l'heure, alors qu'ils pourraient courir à quinze. Je vois pas l'intérêt.
- Bah, vous savez, moi des fois je fais du douze de moyenne à vélo ! alors...
- Ha ouais ? et vous faites combien de kilomètres par jour ?
- En moyenne, cinquante, mais avec de la bosse.
- C'est pas beaucoup !
- Heu, moi ça me va bien, surtout avec la remorque. Et puis je ne fais pas ça pour battre des records !
- Oui c'est sûr, vous avez combien de plateaux? trois ? moi sur mon vélo j'en ai deux, mais je ne mets jamais le petit.
- ha oui ? Ben moi si. Souvent !
S'en suit un dialogue de sourds sur les démultiplications - il ne comprend pas que le petit pignon, à l'arrière fait tirer long à l'inverse du plateau- puis on se souhaite une bonne journée, et chacun retourne à ses occupations.
Etape 4 Rieu Montagné / Saint Pons de Thomières - 84 km
La grosse étape !
Au temps splendide de la veille ont succedé les nuages et l'humidité. La pluie, annoncée pour le lendemain est en avance. Avantage du chalet, je peux partir tôt ce matin, direction Murat, pour une halte "provisions, Libé, café". ceci étant fait, la suite de l'étape est assez facile, et après un petit col, hop, c'est parti pour descendre durant une douzaine de kilomètres, avec au passage un point de vue superbe sur les monts du Languedoc, depuis la Croix de Mouny. Passage rapide à Saint Gervais, très joli village, avant d'attaquer deux petits cols faciles et enchaînés. Au sommet du premier, je croise un cyclotouriste d'une cinquantaine d'années assez pittoresque. Il est sur-équipé : lampe frontale sur le casque, des accessoires partout, tapis de boules, style chauffeur de taxi, entre le dos et le camelback. Mais quand le bonhomme raconte qu'il est parti de Béziers à quatre heures du matin pour se taper 160 km , je rigole moins... Dans le second col, la pluie fait son apparition. Plutôt fine au début, elle devient carrément forte une fois arrivé dans la vallée. A Poujols cependant, le café est (encore) fermé. pas moyen de s'abriter confortablement comme je l'avais envisagé. Je reprends donc la route, et fais une halte à la faveur d'une éclaircie pour casser la croûte. Le camping que je visais, à Tarassac ne répond pas. Et la pluie ne m'incite guère à aller voir s'il est ouvert. Je trace encore, jusqu'à Mons pour voir si il se présente d'autres solutions d'hébergement. A l'office du tourisme on m'indique bien un gîte d'étape, mais l'épicerie, le resto, le bar, tout est fermé ! Or, j'ai besoin de refaire le plein de pâtes. Je décide donc de poursuivre encore, en empruntant la voie verte, une piste cyclable aménagée sur l'ancienne voie de chemin de fer entre Mons et Mazamet. C'est assez sympa, la piste file dans la forêt, passe sur des aqueducs ou sous des tunnels (qui s'éclairent à mon passage, la classe). Surtout, elle offre une alternative tranquille à une route surchargée de camions. Mais le revêtement en graviers ne favorise pas le rendement. Je totalise déjà soixante kilomètres dans les pattes, et il m'en reste encore 25 jusqu'à Pons, où j'espère trouver un gîte ou un hôtel. De fait, la fin d'étape va être assez difficile... Arrivé à Pons, c'est la misère, le village est construit autour d'une rue principale, théâtre d'un ballet incessant et assourdissant de semi-remorques. Il pleut toujours. Je trouve finalement une chambre d'hôtes à la sortie du patelin. Pique-nique au lit et dodo. Je suis mort !
Humeur :
La France est plutôt propre, malgré les cow-boys
A rouler à train de sénateur, comme je le fais, j'ai tout le loisir d'admirer le paysage dans ses moindres détails. Et donc aussi les bas côtés de la route. Comme tous les randonneurs, je fais le constat d'une nette amélioration du comportement de nos compatriotes en matière de respect de l'environnement. Là où, il y a quelques années seulement, les détritus s'amoncellaient, les fossés des routes touristiques sont désormais relativement épargnés. Bien entendu, on trouve encore pas mal de déchets, dont majoritairement des paquets de cigarettes. Au rang desquels le Marlboro l'emporte haut la main. A vue de nez, sur dix détritus balancés dans le fossé, on trouve bien sept paquets de clopes, dont au moins cinq Marlboro. De là à en déduire que les fumeurs sont moins responsables que les autres... Ceci étant, à bien y réfléchir, la consommation de tabac est effectivement génératrice d'une quantité de déchets assez conséquente, dont on perle peu. Par endroits, on tombe aussi sur un nid de mégots, laissé là par un automobiliste dont le cendrier débordait. Je remarque aussi que le paquet rouge et blanc est fréquemment suivi, à quelques mètres d'une bouteille d'eau, d'une canette, d'un emballage de sandwich... Comme si le le cow Boy, desinhibé par la dernière cigarette, ainsi que par l'acte transgressif fondateur consistant à jeter son paquet vide, avait poussé l'irrespect un peu plus loin en se débarrassant, pendant qu'il y était, des autres déchets divers qui encombraient son habitacle personnel. Bref, le fumeur est éternellement confronté à la même situation : s'empoisonnant lui même, il a le plus grand mal à ne pas empoisonner les autres. Quand à nos chers vachers accros à la nicotine et à tous les additifs concoctés à leur attention par Philippe et Maurice, je dirai juste, pour paraphraser Norman Mailer, que les vrais durs ne polluent pas (voire même ne fument pas ?).
Etape 5 Saint Pons de Thomières / Cassagnoles (pardon, La Caune) - - 30 km
Chez Max et Alice
Le temps est toujours couvert, et l'étape marathon d'hier a laissé des traces. Il me faut prendre une décision sur ma destination. A départ, je pensais camper à Caunes Minervois, où je devais dîner avec mon ami Max et sa femme Alice, qui habitent à proximité. Mais le camping de Caunes est fermé. Et de toutes façons, la pluie fait plus que menacer. J'accepte donc l'invitation de Max à dormir chez lui. Ce qui me fera une petite étape, mais rallonge le parcours de la dernière journée. Je pars peu avant midi, fais quelques courses, et me rends à Labastide Rouairoux, en empruntant la voie Verte. Au bout de cinq kilomètres, je décide de rejoindre la route : ça n'avance pas sur la piste. Tant pis pour les camions, de toutes façons un peu plus rares à cette heure. Du coup les quelques kilomètres vers Labastide sont nettement moins monotones, et je ne les vois pas passer. A Labastide, casse croûte au bord de la rue principale, dans le vent des bahuts lancés à tout berzingue (photo), puis je repars vers Cassagnoles. Il faut franchir un petit col avant d'arriver, mais rien de bien difficile. En route, je croise un motard, qui n'amuse pas le terrain au guidon de sa 600 Yamaha montée en super motard. IL me fait un grand signe. Un peu plus tard, j'entends le monocylindre, toujours à fond, revenir sur moi. Le mec ralentit et me crie : "vous êtes le copain de Max ?" - Heu... oui ! - Bon courage ! , et il se jette comme un damné dans la courbe suivante. En fait c'est il s'agissait du voisin et partenaire de VTT de mon hôte. Je passe une excellente soirée, chez Max avec Alice et sa mère, dans le hameau qu'ils habitent en surplomb de Cassagnoles. Car ici c'est La Caune, attention, c'est pas pareil !
Alimentation
Pas besoin d'être un grand sportif pour partir sur les routes à vélo avec sa maison en remorque. Mais il est impératif de bien se connaître, ce qui est plutôt mon cas, en particulier gràce à la gestion quotidienne et souvent instinctive de mon handicap. Cela me permet entre autres de gérer mon effort lors des longues étapes, ou quand je me trouve dans une forme moyenne. De la même manière, l'alimentation est primordiale. Et là encore, il s'agit de trouver le régime qui vous convient le mieux. Mes parents sont partis à vélo durant de longues années, et je n'ai jamais compris comment ils faisaient (surtout mon père) pour gueuletonner autant. Le voyage était 30% sportif, 30% touristique et 40% gastronomique ! Pour ma part, je dois faire très attention à ce que je mange. Sinon la sanction est immédiate (voir le coup des chips avant le Pic de Nore). J'ai donc mis au point un système qui me convient parfaitement. Chaque soir je cuisine une double portion de pâtes, agrémentée d'une sauce (achetée à l'épicerie du coin pour limiter le chargement). J'en consomme la moitié, puis j'ajoute une sauce vinaigrette au reste, et le stocke dans ma popotte fermée, sous l'abside de la tente. Le matin, de bonne heure, je mange les pâtes dans mon duvet, puis me rendors pour une heure. Ensuite je me lève, prépare mes affaires tranquillement (il faut compter pas loin d'une heure et demi pour tout plier, ranger et charger), tout en prenant un café et quelques fruits frais et secs. Au moment de partir, j'ai emmagasiné suffisamment de forces pour envisager de rouler toute la journée. Je fais une petite halte lorsque je commence à avoir vraiment faim, et à ce moment là, un casse croute léger me suffit amplement.
Etape 6 Cassagnoles / Saissac - 58 km
Mobylette
IL pleut lorsque je me lève ce matin, et rejoins Max pour le petit déjeuner. Mon ami m'a proposé de me conduire à Saissac en voiture s'il le faut, mais j'ai envie de finir mon voyage sur deux (pardon, trois) roues ! Comme la pluie cesse, je décide donc de partir à vélo pour la dernière soixantaine de kilomètres de mon périple. Max m'a conseillé de m'arrêter chez le charcutier de Caunes, et je ne suis guère en avance, en partant à 10h50. Après cinq kilomètres, le paysage change brusquement pour devenir typiquement méditerranéen. Ce dont profite le vent pour entrer en scène ! Assez longue pause à Caunes, passage chez le charcutier, café, Libé... le rituel habituel quoi. Au départ de Caunes le vent m'attaque de front et ne me lâchera plus jusqu'à Saissac. Je suis assez pressé de finir, le temps menace, et l'humidité, ajoutée au vent me refroidit sérieusement. Je roule le plus longtemps possible, et m'arrête pour manger rapidement à Salsignes, à l'issue d'une sacrée montée à découvert. Max m'avait prédit que la dernière partie de l'étape serait assez "accidentée", il n'avait pas tord. Juste avant Salsignes, il s'est passé un truc incroyable : j'ai rattrapé un cycliste ! En l'occurrence il s'avère de nationalité anglaise, et particulièrement pendu ! Comme il cherche son chemin sur la carte, je m'aperçois qu'il se rend aussi à Saissac, mais il a prévu de passer par le nord, et Mas Cabardes. Je le lui déconseille, mais il n'a pas l'air de très bien comprendre ce que je lui dit. Finalement je le laisse et continue ma route. Une fois reparti de Salsignes, je roule doucement pour m'économiser et digérer. Avant Vilardonnel ça monte carrément raide, et j'y vais pianissimo. Mais à la sortie du village (café fermé... et merde !), je retrouve mon british, en train de pousser son Cannondale, dans une montée assez faible. Il m'a doublé lorsque j'étais arrêté, mais nous ne nous sommes pas vus. Il semble vraiment à l'agonie, mais il remonte bravement en selle et nous roulons de concert un moment en discutant. Il a l'air quand même moins halluciné que tout à l'heure, ce qui rend enfin le dialogue possible. Nous arrivons à l'embranchement de la route de Carcassonne à Mazamet, que nous devons emprunter sur deux kilomètres de montée franche en ligne droite. Je passe devant et adopte un rythme régulier, relativement soutenu, pour l'emmener. C'est dingue comme de rouler à deux aide à prendre un rythme, même si on fait tout le boulot. Au bout d'un peu plus d'un kilomètre, je commence à coincer un peu, et je me retourne pour lui demander de prendre le relai, mais il n'est point d'Anglais dans la roue de ma Yak. Le type est bien à trois cent mètres, à l'agonie. Tant pis, je termine la montée en essayant de garder le rythme malgré tout.Je m'arrache littérallement pour en finir, et je file vers Saissac. Il va sans dire que je ne le reverrai plus. Finalement, je termine dans la douleur, en luttant contre le vent et mes jambes douloureuses, mais j'ai trop envie d'arriver et je force comme une bourrrique. Je suis à Saissac à 16h pile. Pffff. j'ai roulé comme une mobylette aujourd'hui. Il me faudra plus de 48 heures pour ne plus avoir mal aux cuisses....
Epilogue
Ben voilà, un nouveau périple modeste s'achève. Cet été aura été celui de ma re-découverte du voyage à vélo. C'est certain, je ne suis parti ni très longtemps, ni dans des contrées exotiques, mais en l'occurrence peu de choses suffisent à faire votre bonheur. Mes cinquante kilomètres quotidiens ont paru faibles à certains (l'ouvrier de La Salvetat), énormes à d'autres (plus nombreux !), et font piètre figure par rapport au Clermont Ferrand / Toulouse avalé en deux jours par mon ami Ben. L'objectif n'était pas de battre des records, mais de se lancer un défi, et de vivre de bons moments. J'espère que tous ceux qui m'ont confié avoir eu envie de m'imiter, lorsque je les ai rencontré, ou à la lecture de l'épisode 1 vont effectivement préparer vélos, sacoches ou remorques et aller vivre leur aventure, en solo ou en couple. N'hésitez pas, c'est trop bon !
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